Exposition Souza Mendes, le Juste

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Aristide Sousa Mendes fait partie de ceux qui ont à leur manière combattu le nazisme, sauvant de la mort des milliers de personnes , sans reconnaissance immédiate. Une exposition itinérante intitulée « Exode ,refuge, exil , 1940 » organisée par le comité Sousa Mendes, a démarré à Bordeaux du  17 juin au 15 Septembre 2020 , aux Archives départementales de la Gironde.

Souza Mendes est né dans le Portugal de la fin du XIXe siècle (1885). Une irrésistible envie de courir le monde lui fait embrasser la profession de diplomate en tant que Consul. À mesure que la notoriété et l’altruisme d’Aristide grandit, le pouvoir du dictateur Salazar s’accroît et le salazarisme s’installe en 1933 avec la « Mocidade portuguesa« , organisation d’encadrement idéologique et paramilitaire de la jeunesse. « Ce mouvement populiste créé par Salazar en 1937, appelé au départ  les Croisés  était basé sur 3 doctrines : Nationalisme, Patriotisme et foi chrétienne » comme l’explique Mr Manuel Diaz Vaz  vice-président du comité national d’hommage à Sousa Mendes. Nommé en 1938 Consul à Bordeaux, il va y rencontrer son destin avec l’obligation de désobéissance. Alors qu’en 1939, les troupes allemandes envahissent la Pologne, Aristide reçoit de son ministère la circulaire n°14 qui remet en cause la tradition d’hospitalité du Portugal et introduit la notion de ségrégation raciale et religieuse, interdisant au Consul de délivrer passeport ou visa sans en référer au ministère des affaires étrangères. Commence alors la résistance de Sousa Mendes et sa désobéissance.

Désobéissance et accusation

1940, alors que les Allemands entrent dans Paris, une immense file de réfugiés s’installe devant le consul, attendant dans l’espoir d’un visa qui pourrait leur sauver la vie en quittant la France envahie. Faisant fi de cette interdiction et ignorant la circulaire 14, S. Mendes délivre des visas à tout le monde faisant abstraction de nationalité, race ou religion. Son action se continuera dans les consulats de Bayonne, Toulouse, Hendaye comme une course contre la montre et ce malgré la collaboration et les dénonciations.  A.S. Mendes sauvera la vie à plus de 30 000 personnes, principalement des Juifs . Victime de délations et accusations, des mesures répressives vont être prises par le gouvernement de Salazar à l’encontre de Sousa Mendes.  « Salazar en fera une affaire personnelle, farouchement opposé à S. Mendes à cause de son origine aristocratique ; personnage cynique, se prenant pour le sauveur du peuple, Salazar se méfie des élites et voit dans la désobéissance du consul un affront à son autorité »  précise Mr Diaz Viaz . Le couperet tombe, S. Mendes se voit retirer ses attributions et rentre un peu plus dans l’illégalité continuant de désobéir aux injonctions de Lisbonne. Pour lui, ces ordres sont contraires à tout sentiment humanitaire. S’ouvrira un procès disciplinaire initié par Salazar qui va tout faire pour le briser. À l’issue du procès il est rétrogradé dans ses fonctions puis mis en retraite anticipée à 55 ans. Salazar scellera définitivement son destin, ne rouvrant plus jamais son dossier malgré plusieurs demandes d’amnistie. Criblé de dettes, vendant tous ses meubles pour survivre, ayant à peine de quoi se nourrir, S. Mendes s’éteindra dans la misère le 3 Avril 1954.

Une reconnaissance tardive

Grâce à la pugnacité et l’amour de ses enfants et petits-enfants, aux témoignages de Juifs sauvés de la déportation, la mémoire du consul de Bordeaux a pu être honorée. En 1963 la commission des « Justes » de l’Institut de la Shoah Yad Vashem décerne à S.Mendès le titre de Juste parmi les Nations, la plus haute distinction civile d’Israël. Un arbre sera planté dans le musée Yad Vashem  dans l’allée des Justes, en son honneur. EN 1988, l’assemblée nationale portugaise votait sa réhabilitation. « Cette lenteur à la réhabilitation de S. Mendes de la part du nouveau régime s’explique par l’opposition féroce du portugal à réhabiliter la notion de désobéissance« , selon Mr Diaz Vaz. En 1994, Bordeaux rendit hommage à S. Mendes en la présence de l’ancien président M. Soarès , le buste de S. Mendes fut dévoilé sur l’esplanade Charles De Gaulle et une plaque apposée devant le 14 du quai Louis XVIII.  

Archives départementales de la Gironde (72-78 cours Balguerie Stuttenberg ) / Jusqu’au 15 septembre 2020

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