À vos baskets !

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Jusqu’au 10 janvier 2021, cette ancienne prison bordelaise, aujourd’hui le Musée d’Arts décoratifs et du Design, accueille une exposition unique et originale intitulée « Playground-Le design des sneakers ». Qu’on l’appelle sneaker, basket, traîner ou tennis, cette chaussure est un vrai phénomène de société. Enfants, ados, parents, grands-parents, la basket est aux pieds de tous pour son confort mais aussi car c’est un objet de mode incontournable.

Dès le début du XXe siècle, la chaussure de sport est associée au nom de grands athlètes. Les jeunes et les amateurs s’identifient aux champions, mais aussi à leurs équipements et notamment leurs chaussures. Qui n’a pas porté une paire de Converse « Chuck Taylor ou une paire d’Adidas Stan Smith. Le basket-ball et le hip-hop ont été les deux vecteurs de l’identité culturelle américaine. Dans les quartiers populaires de New York, le Bronx ou Harlem, tous jouent au basket. Short, débardeur et baskets composent leur tenue. En 1942 est créé la NBA. Des joueurs célèbres comme Mikael Jordan créent leurs propres marques. La sneaker est aussi indissociable du hip-hop, rap et breakdance entre autres, né dans les années 70. Souples et munies d’une semelle adhérente, les sneakers se portent lâche, non lacées. La jeunesse noire américaine se les approprie et elles deviennent le premier accessoire d’un style identitaire. Le retentissement ne s’est pas fait attendre à la fois aux États Unis et en Europe, et le marché de la basket explose. Aujourd’hui 82% des chaussures vendues dans le monde est une basket avec un chiffre d’affaires de 9 milliards d’euros. Longtemps réservées aux activités sportives, les baskets vont progressivement dépasser ce domaine pour jouer un rôle essentiel dans la culture urbaine et la mode. Les marques conçoivent un style streetwear (ce qu’on porte dans la rue) et certains grands stylistes s’associent aux marques de sport pour créer des modèles plus luxueux.

Innovation et écologie

La basket fait sans cesse l’objet de nouvelles technologies, pour le bonheur des consommateurs. Mais cette surconsommation de baskets n’est pas sans méfaits. Les usines des fabricants des plus grandes marques ont été délocalisées en Asie. Les conditions de travail y sont déplorables : des salaires ridiculement bas, des horaires démentiels, mais aussi l’emploi d’enfants mineurs. Malgré leurs engagements, ces multinationales ont encore de gros progrès à réaliser. Mais cette production a aussi un impact sur l’environnement. La fabrication libère des toxines, des produits chimiques qui nuisent à la flore, la faune mais aussi aux populations locales. L’effet est aussi considérable sur le réchauffement climatique par le rejet des dioxydes de carbone.

Toutefois quelques lueurs d’espoir apparaissent venant d’entreprises françaises. Deux marques, Veja et Faguo, deviennent leader mondial dans la production de baskets écoresponsables. La première, née en 2004, a implanté directement sa chaîne de production au Brésil, producteur de coton et surtout de latex de l’hévéa pour le caoutchouc. En 2019 le modèle Condor sort, composé à 53% d’éléments biosourcés*. On y trouve du caoutchouc sauvage d’Amazonie, de l’écorce de riz, de l’huile de ricin, de l’huile de bananes, de la canne à sucre issue du recyclage des déchets alimentaires, des bouteilles plastiques recyclées et du coton bio. L’initiative de Faguo, née en 2008 produit des baskets avec 65% de sa production réalisée en matière recyclée. Toutefois pour compenser le bilan carbone élevé par sa production en Chine et au Vietnam, la marque plante un arbre pour chaque paire vendue. Cette initiative a permis la plantation d’1 500 000 arbres. Soulignons également le modèle produit par une jeune bordelaise avec des résidus de raisins. La basket a de beaux jours devant elle.

Infos pratiques:

Musée des Arts décoratifs et du Design 38 rue Bouffard Bordeaux de 11h à 18h. Fermé le mardi

* produits industriels non alimentaires obtenus à partir de matières premières renouvelables 

Patrick

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