Publié par Après la typographie, la photocomposition, l’impression, les presses et la lithographie, cette présentation de la reliure conclut la série sur les métiers exposés au musée.
Le mot ‘reliure’ est dérivé de relier, lui-même issu du latin religare, qui est l’opération de production du livre, juste après l’impression. Elle comprend toutes les étapes, dès l’assemblage des pages du livre jusqu’à la pose du matériau de « couvrure ». Claude Chauffeteau précise, « en amont, les feuilles ont été composées dans une orientation et un ordre précis, pour que leurs impressions correspondent aux futures pages du livre. Selon leurs différentes tailles, ces feuilles sont appelées « Colombier », « Jésus », « Raisin », « Carré / Coquille » ou « Couronne » « .
• Le pliage: Première étape
Chaque feuille imprimée peut être pliée une fois (« in-folio »), deux fois (« in-quarto » ou in-4), trois fois (« in-octavo » ou in-8), quatre fois(in-16), voire beaucoup plus, de façon à ce que le résultat du pliage donne un assemblage de pages appelé « cahier », tel que celles-ci se présentent dans l’ordre dans lequel elles doivent être lues. Ce pliage est désormais généralement mécanique, mais il peut être manuel, lorsqu’il s’agit d’une édition de luxe .
• La mise en place: Seconde étape
Elle consiste, après l’assemblage des feuilles initiales devenues des « cahiers », à regrouper ceux-ci dans l’ordre. Des encarts sont parfois ajoutés, des plans à un ou plusieurs plis sont posés, puis des pages de garde avec des onglets sont ajoutées. On vérifie alors les indices de collationnement (cf schéma).
• La couture: Troisième étape
« Suivant un plan de couture, pour les faire tenir en place, on relie successivement avec une aiguille («couloir ») à la ficelle ou à lien (fil végétal), les pages assemblées en cahier. On procède ensuite de même avec les cahiers suivants, dont l’ensemble constitue le livre. Le « couloir » et le « massicot » compose le matériel nécessaire à ce niveau » explique M. Chauffeteau.
Brochure ou reliure
Vient alors la dernière étape : l’ensemble est pris pour réaliser la brochure ou la reliure du livre. « La brochure – reprend Claude Chauffeteau – est destinée à donner au livre un habillage, tandis que la reliure est considérée comme un supplément de luxe. On enchâsse l’ensemble des cahiers. Pour la reliure, on peut faire un « dos carré » ou on « dos rond » : pour ce dernier, on va arrondir la couverture avec le « marteau à battre », afin de déformer le dos pour l’arrondir. Puis on peut rajouter des « nerfs » en relief« .
La reliure nécessite :
– Papiers de gardes, de couleur et blanche et onglets,
– Cartes et cartons
– Peaux, parchemins et vélins
– Toiles et simili-cuirs
– Fils et ficelles, rubans, mousseline, tranchefile.
Dorure
La reliure-dorure est un savoir-faire reconnu par l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France. M. Chauffeteau poursuit, « la dorure intervient après la reliure et constitue l’étape de finition pour des éditions de luxe. La technique, tout à fait adaptée à la protection du cuir et à l’adhésion de la dorure, consiste à appliquer un apprêt de blanc d’œuf. L’application de la feuille d’or se fait ensuite à chaud. Aujourd’hui, il existe la « dorure à froid » (ruban d’or imprégné de colle et chauffé à part), puis posé sur le cuir. La dorure n’est pratiquée au musée pour des questions de coût des procédés et matériels (métaux précieux, or fin, argent, palladium, bronze, aluminium) que cela nécessite et du manque de rentabilité lié trop petit nombre d’exemplaires à relier.
Bertrand BARRIEU & Patrick JEALLAGEAS
EN SAVOIR +
MUSÉE DES MÉTIERS DE L’IMPRIMERIE
10, Rue Fort Louis 33800. BORDEAUX
Tel. 05 56 92 61 17. Mail. mib33800@gmail.com
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