Inspiré par l’exposition consacrée à Hugo Pratt, du musée des confluences de Lyon, le musée d’Aquitaine rend hommage à un maître de la bande dessinée à la fois dessinateur, scénariste, aventurier, écrivain, poètes, musicien et à son célèbre héros Corto Maltese.
« L’exposition débute par un magnifique et énorme panoramique qui annonce à la fois le thème de l’affiche : Ligne d’horizon, évoque la particularité du graphisme de Hugo Pratt ,et l’aventure du voyage » explique Paul Matharon, commissaire de l’exposition. Ses œuvres s’affichent sur une grande carte du monde pour les situer et participer au voyage. Quelques planches rappellent en guise d’introduction, l’existence de ses premières histoires, où il se met en scène, ainsi comme le faisait déjà Hergé. On le voit en capitaine sudiste dans la série Sergent Kirk en 1957 ou en Sergent Berger dans la série Ernie Pike en 1958, ou encore dans la peau du lieutenant Robert Salter dans Night-Club of the Devil en 1962. Avant de parvenir aux premières planches de Corto Maltese, un écran diffuse des extraits du film « Le Roi des îles » interprété par Burt Lancaster, et le Réveil de La Sorcière Rouge avec John Wayne, pour montrer l’influence du cinéma dans lequel il trouve certaines inspirations.
Une vie de voyages
Hugo Pratt naît le 15 juin 1927 de parents vénitiens. En 1937 la famille se rend en Éthiopie conquise par l’Italie, où son père est militaire. En 1942 il est rapatrié avec sa mère à Venise. Doué pour le dessin Hugo souhaite en faire son métier et signe ses premières œuvres Hugo comme l’écrivain et Pratt en doublant la consonne finale de son nom. En 1949, il est recruté par un éditeur de bandes dessinées argentin et s’installe à Buenos Aires une dizaine d’années. Il acquiert rapidement une certaine notoriété. Il séjourne à Londres, en Italie, en France. En 1984, il s’installe à Grandvaux près de Lausanne où il passe les dix dernières années de sa vie. Hugo Pratt est un grand lecteur, il possède une bibliothèque de 35 000 livres, il est passionné par la littérature d’aventure, Kipling, Melleville, Conrad, London, Stevenson, Monfreid dont il a illustré « Secret de la mer rouge ». « Il fait des bandes dessinées comme d’autres tournent des films, il fait tout à la fois, scénariste, metteur en scène, cadreur, monteur, chercheur d’effets spéciaux, compositeur de la musique de bande-son » précise Paul Matharon, commissaire de l’exposition.
Naissance de Corto Maltese
En 1967, Hugo Pratt débute la publication de : La ballade de la mer salée, dans la revue italienne Sergent Kirk, où Corto Maltesse n’est alors qu’un simple personnage parmi d’autres de ce qu’il appelle « son premier grand roman de littérature dessiné», avant d’en faire son héro principal qui paraît par épisodes dans la revue Pif Gadgets. Au total il publie 12 aventures où il peaufinera un personnage d’une grande densité humaine et une complexité de son caractère à la fois amical, violent, rêveur, poète, pragmatique, silencieux et froid. Le grand Océan – L’Afrique des masques – Les peuples du soleil, Corto Maltesse en Sibérie, les titres évocateurs sont explicités dans l’exposition, « c’est le cœur de l’exposition où le visiteur est en navigation libre entre escales maritimes et parcours terrestres, à la rencontre des peuples et de cultures dont témoignent des dizaines d’œuvres et d’objets figurant dans les images. Ces objets sont exposés en réel grâce au travail de recherche dans les collections du musée, associant ainsi rêves et réalités, maquettes de pirogues de Nouvelles Calédonie, masques Kavat de Papouasie , maquettes de jonques de Chine, tête réduite Jivaro, armes diverses de guerriers d’Afrique et d’Amazonie » précise Pauk Matharon. Si Hugo Pratt ne s’est jamais rendu en Asie, il a cependant réservé à ce continent une attention particulière et les plus longs périples de Corto Maltesse où l’on croise des vieux mythes comme celui du trésor de Darius le Grand, et de grands évènements contemporains à l’origine de la Chine ou de la Turquie d’aujourd’hui.
Un processus de création ouvert
Son style graphique devient singulier avec la création de Corto Maltese. Les albums paraissent d’abord en noir et blanc. Plus tard, ils seront colorisés par une spécialiste en aquarelle, Patricia Zanotti, aujourd’hui responsable de la société qui gère le patrimoine Hugo Pratt. La technique utilisée valorise considérablement ses albums, elle consiste à superposer très précisément un calque où chaque image est peinte à l’Aquarelle, sur la planche du dessin en noir et blanc. Aucun auteur de bandes dessinées n’a fait autant appel à la bande-son accompagnant ses récits. Lui-même était un excellent chanteur s’accompagnant à la guitare. Il possédait un répertoire allant du chant de marins à la comédie musicale, du jazz à la variété italienne… Là aussi le musée a su associer les objets réels aux images des albums. Au fil d’une œuvre animée de centaines de visages, Hugo Pratt s’est aussi beaucoup intéressé à des portraits féminins aux caractères plus complexes encore que ceux des héros masculins. Le public appréciera ses magnifiques aquarelles extraites de l’univers des albums. Le parcours se termine par la diffusion du film documentaire de Thierry Thomas « Hugo Pratt trait par trait » en 2016, dans lequel il formule la citation qui le définit si bien « j’écris mon dessin et je dessine mon écriture ».
Informations pratiques :
Exposition à voir dès la réouverture des musées jusqu’en septembre.
Interview « Caractères » de Bernard Rapp juin 1991
Bravo Yannick ! Enfin on sait presque tout sur Hugo Pratt . C’était nécessaire vu que notre promotion porte son nom !
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