Choisir le nom d’une rue, un enjeu citoyen !

Plusieurs fois par an, le conseil municipal confie au service de viographie, la mission d’attribuer ou de modifier des noms de rues et autres voies publiques ou privées. Une démarche qui nécessite de nombreuses étapes.

Si la tâche peut sembler simple, en réalité, elle peut s’avérer complexe comme l’explique Leonie Paquet, cheffe du service viographie, « il s’agit d’un enjeu d’intérêt général. La viographie, chargée de la dénomination des rues, voies et autres bâtiments, concerne de nombreux services publics et privés : acheminement des courriers et colis, interventions des services d’urgence de toutes sortes, la localisation GPS… Ce qui nécessite une grande rigueur. Et c’est devenu un véritable choix politique ». Elle est aussi un vecteur de mémoire et de valorisation des personnalités ayant contribué à l’image de la ville et de sa région par leur travail, leurs actions, leur savoir ou encore leur bienveillance à l’égard de la société.

Un choix par étapes

À la demande du conseil municipal, le service de viographie convoque la commission éponyme. Les demandes émanent souvent des grands acteurs économiques comme Euratlantique, des services de l’urbanisme ou des citoyens, soit individuellement, soit réunis en associations ou comités de quartier. Le résultat de la discussion est transmis aux services des impôts fonciers et autres administrations qui travaillent avec le service de cartographie de Bordeaux Métropole. Ensuite cela est soumis au vote du conseil municipal. La décision est renvoyée au foncier avec « le code Rivoli* » qui procède à sa diffusion aux services concernés.

Les critères de choix

Au moyen âge, les noms des rues étaient attribués en fonction de la situation ou du lieu (rue du marché, rue des abattoirs). Au 17ème siècle, les rues portent les noms de personnages politiques, artistes, notables. De nos jours, la dénomination des rues est devenu un enjeu politico-social s’appuyant sur des critères de recevabilité comme un intérêt public local, un lien avec l’histoire et la mémoire, des thématiques propres à un quartier (le vin, le port). Ainsi, il s’agit de mettre en valeur la géographie et l’histoire locale dans tous les domaines, sciences, culture, sport… Les hommages sont généralement décernés aux personnes physiques décédées depuis au moins 5 ans. Chaque dénomination proposée est accompagnée d’une note historique ou biographique. Enfin, depuis quelques années la ville de Bordeaux œuvre pour l’égalité entre les hommes et les femmes, car 5% des rues de Bordeaux porteraient le nom d’une femme. C’est pourquoi en 2018, la commission a proposé 85 nouvelles dénominations dont 11 personnalité masculines et 30 féminines.

Les dernières dénominations

Pour la dénomination d’un nouveau groupe scolaire quartier Saint-Jean/Belcier sous le nom de Simone Veil, la ville a sollicité les élus du conseil municipal des enfants, associant leurs camarades de classe et les enseignants des 22 écoles participantes au dispositif. La séance du 7 octobre 2019 procédait à la dénomination d’une place sans nom quartier Chartrons/Grand Parc/Jardin Public. Le choix pour « place Michel Suffran (1931-2018), médecin – écrivain – auteur de théâtre bordelais », a été adopté à l’unanimité.

*Code Rivoli : le répertoire informatique codifiant les voies, lieux-dits et les ensembles immobiliers

Informations pratiques:

⁃ « Dictionnaire des rues de Bordeaux » Éditions Sud Ouest d’Annick Descas 2008

⁃ « Le nouveau viographe de Bordeaux » de Robert Coustet 2011

⁃ « Les rues disparues du vieux Bordeaux » de Michel Colle