Entre août 1940 et 1944, au camp militaire de Souge, sur la commune de Martignas-sur-Jalle, les nazis fusillent 256 hommes condamnés pour leurs activités contre le fascisme. Une commémoration se déroulera le dimanche 24 octobre 2021 à 15 heures au camp militaire de Souge.
Nous sommes en 1940, les envahisseurs déferlent et s’installent à Bordeaux. » L’objectif, explique Jean Lavie du comité du souvenir des fusillés de Souge, est de maîtriser toute la côte Atlantique ( mur de l’Atlantique) pour contrôler les échanges et ravitaillements maritimes d’une part, et d’autre part, bénéficier des infrastructures portuaires et industrielles comme les chantiers navals, usines d’armement, usines d’aviation (AIA, SNCASO…) ». Pour assurer leur domination, les Allemands mettent en place une stratégie de répression s’appuyant sur la collaboration du régime de Vichy. Très vite l’administration locale, mairie, préfecture, police, organisent, parfois avec zèle, arrestations et rafles remplissant les prisons de Bordeaux. Le préfet Pierre Alype, secondé par son directeur de cabinet George Reige, adeptes des théories de Maras et de l’Action Française reconstituent le fichier des militants de gauche, communistes, des syndicalistes, francs-maçons, gaullistes. Écartés en 1942, leur œuvre continue avec Maurice Sabatier et son secrétaire Maurice Papon. La police servira d’exécuteur du préfet tout aussi zélé, avec à la manœuvre le commissaire Poinsot, anticommuniste acharné et la SAP ( Section des Affaires Politiques). Les personnes réputées communistes sont inscrites sur la liste des otages à fusiller, seront pourchassées, piégées, interrogées, torturées. Le principe de la liste des otages a été instituée par les nazis pour réprimer les actes de rébellion au régime, 1 Allemand tué entraîne 50 fusillés. Même le maire Adrien Marquet appelle la population à collaborer avec en ligne de mire la cible des communistes.
Les victimes
Les victimes sont principalement des jeunes gens dont la moyenne d’âge est de 33 ans, 41 avaient 20 ans et les plus âgés 69 ans. 71% sont des ouvriers ou employés, 8 étudiants, 15 agriculteurs, 14 artisans, 27 cadres et 5 ingénieurs. 60% étaient des résidents girondins, 10% des étrangers, espagnols, italiens, soviétiques, roumains, hongrois. Tous appartiennent aux multiples mouvements de résistance, communistes, gaullistes, socialistes, juifs, chrétiens. Tous voulaient libérer le pays, affreusement torturés, ils n’ont pas renié leur engagement, même sous la promesse de la vie sauve. Dénoncés par d’autres français, parfois en pleine réunion, les dégâts sont impressionnant, des familles entières sont décimées, pères, frères, fils, gendres. Les femmes arrêtées avec leur mari étaient déportées.
Mémoire
Afin que les héros ne soient pas oubliés, le Comité du Souvenir des Fusillés de Souge a publié en 1991 une brochure intitulée Hommage aux fusillés, présentant une brève biographie des victimes. Cet ouvrage a été complété en 2014 par le livre « les 256 de Souge ». Quelques rues et bâtiments portent le nom de ces patriotes, par exemple à Bordeaux, l’école primaire Franc Sanson, la rue Roger Allo, rue Nancel Penard. Bègles compte 24 rues honorant les fusillés, les 4 Castéra et Noutari. À Talence, on trouve Gérard Blot, à Cenon, l’école primaire Camille Maumey. Tous les noms des fusillés figurent sur les contremarches du grand escalier de la bourse du travail. Plusieurs commémorations leur rendent hommage chaque année. Le dimanche le plus proche du 24 octobre, dans le camp, à l’emplacement des exécutions et devant les stèles de la 2ème enceinte inaugurée en 1998, l’ une d’elles est consacrée aux femmes déportées. Remise de gerbes sur le monument aux morts de Martignas-sur-Jalles, hommages devant la stèle de la bourse du travail de Bordeaux, en souvenir des 70 otages fusillés le 21 septembre 1942, organisée par l’Union Départementale de la CGT à laquelle la plupart des victimes était affiliées, les commémorations organisées par des entreprises ou des municipalités. L’armée et l’éducation nationale organisent au printemps le fameux Rallye des citoyens. Le comité du souvenir des fusillés de Souge continue son œuvre de recherche de la vérité avec les familles et les historiens, car de nombreuses interrogations demeurent.
à Lormont la rue François Abarratégui…
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