L’identité invitée par les tribunes de la presse

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La douzième édition des tribunes de la presse, organisée par le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine, s’est déroulée du 23 au 26 novembre 2022 dans plusieurs lieux de la ville de Bordeaux. Les différents débats, ateliers et rencontres de cet événement ont questionné la complexité de l’identité.

Philosophes, journalistes, écrivains, urbanistes, responsables politiques étaient invités à éclairer les différents espaces et temporalités où se présente la notion d’identité. Leurs points de vue ont mis en évidence la difficulté de définir l’identité de façon univoque. Insaisissable à l’image du furet du bois joli, l’identité semble échapper à la réalité et ne s’offrir qu’en tant que concept.

L’identité dans tous ses états

Le concept étant le domaine du philosophe, la séance inaugurale donne la parole au philosophe et physicien Étienne Klein qui bouscule la stabilité apparente de l’identité en introduisant la notion de changement : « ou bien l’être ou l’objet particulier demeure un et le même, identique à lui-même [avec le temps] ou bien il a vraiment changé et on ne peut plus dire qu’il est un et le même, il y a donc une incompatibilité de principe entre l’identité et le changement ». Thierry Paquot convoque également le changement et préfère parler de caractère, d’image ou d’état d’esprit plutôt que d’identité « Il nous faut saisir dans une réalité territoriale comme dans une relation à l’autre comme pour soi-même ce qui pourrait circonscrire au mieux les qualités spécifiques de quelqu’un ». À propos de l’identité numérique, Asma Mhalla, professeure, relève que les systèmes de vidéosurveillance dans les classes chinoises exécutent « la fracturation des blocs numériques pour une recomposition en de nouveaux blocs en fonction, par exemple, des émotions » .
L’historien et ancien diplomate israélien Elie Barnavi défend, lui, l’évidence d’une identité, que lui-même est « un nœud d’identités». « Je suis historien, poursuit-il, si je ne croyais pas à l’identité, je ferais un autre métier ». La succession des tables rondes met en doute cette certitude et fait s’éloigner la possibilité de définir le contour d’une identité qui finit par prendre l’apparence d’un état gazeux.

D’une identité à l’autre, la différence

Au risque de se perdre une nouvelle fois, un biais peut être utilisé afin de contourner ces difficultés de définition en introduisant la notion de différence. Considérer une réalité comme celle du plus petit dénominateur commun propre au repli identitaire invite à réfléchir à ce paradoxe qui veut que l’affirmation de sa différence s’accompagne, bien souvent, du refus d’accorder à l’autre son droit à la différence. Ce refus opère malheureusement à l’échelle planétaire comme le développe l’Eurodéputé Bernard Guetta dans son inventaire des conflits contemporains : « Il y a la guerre en Ukraine, et dans la guerre en Ukraine il y a deux identités qui s’affrontent » mais pour le président russe « l’Ukraine n’est qu’une province, certainement pas un peuple constituant une nation, une identité » poursuit-il. Les tribunes de la presse ont mis en avant le processus de construction d’une identité, en particulier culturelle. Le mouvement LGBTQ+, qui aligne les initiales pour signifier les différentes orientations sexuelles ou identités de genre, témoigne que la construction d’une identité ne va pas d’elle-même. D’ailleurs, la formule inaugurale : « les vertiges de l’identité » donnait l’avant-goût d’une telle entreprise.

Informations :
Revivre ces rencontres : https://www.tribunesdelapresse.org/live

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