Unique lieu consacré en France à l’histoire de la protection sociale, depuis ses prémices jusqu’au débat d’aujourd’hui, le Musée national de l’Assurance maladie, occupe le château des Lauriers à Lormont. Neuf salles accueillent simples curieux, étudiants, chercheurs ou historiens en sciences sociales. Iconographies, textes, photographies, mobiliers, décorations ou bannières présentent les enjeux et les valeurs de solidarité, les luttes et les conquêtes, les dates clefs et les perspectives actuelles de la « Sécu ».
Alors que la Sécurité Sociale fête du 6 au 9 octobre ses 75 ans, le Musée national qui lui est consacré vient de rouvrir selon de nouvelles modalités. Les visites ne sont plus guidées mais en accès libre jusqu’à nouvel ordre. Ce musée des Hauts de Garonne, inauguré en 1989 et géré par le Comité Aquitain d’Histoire de la Sécurité Sociale, explore, transmets, illustre et sensibilise aux enjeux, valeurs, rôles et missions de la protection sociale depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Au cours d’une des dernières visites guidées avant fermeture pour cause Covid-19, une trentaine de personnes se pressent aujourd’hui autour d’Emmanuelle Saujeon-Roque, Responsable du Musée National, qui assure la visite guidée.
Les documents et iconographies présentés débutent aux prémices d’entraide avec la stèle funéraire gravée d’Hermogène*, premier témoignage : une aide financière établie entre esclaves à l’époque de l’empereur romain Trajan (Ier siècle ap J.C.). Puis, les présentations du moyen âge et de l’ancien régime évoquent notamment le rôle de l’église et de la charité. « Passionnant, et inattendu ! Et dire que la protection sociale commence sous Henri IV ! » s’étonne Hélène Labbé, responsable du groupe visiteurs.
Les corporations de métiers, le compagnonnage, leurs caisses communes de secours ne sont pas oubliées. Les dates clefs s’enchaînent, illustrées, de Montesquieu, aux bureaux de bienfaisance et aux philanthropes en passant par la période de la Révolution. Mme Saujeon-Roque met l’accent sur le Conseil National de la Résistance et le programme de 1944 « Les jours heureux », puis éclaire les choix faits en 1945 lors de la création de la Sécurité Sociale, un mixage entre Assistance (les trois U – Universalité, Uniformité, Unité) et Assurance. Et leurs devenirs : régime général, caisses particulières, etc.
De nombreux objets et matériels
À côté de ces exposés chronologiques et historiques, sont présentées un nombre important de pièces de toutes époques : livrets, photos, médailles, diplômes, bannières, mobiliers et machines typiques des services de l’assurance. Une salle reconstitue de manière presque exhaustive une Caisse de Sécurité Sociale de l’après-guerre. Elle replonge manifestement les plus anciens dans l’ambiance des années cinquante et le début de l’humanisation de l’accueil de ces locaux. «Tu as connu, toi, la caisse d’Arlac ? C’était bien comme ça au début.» demande une dame. Des machines d’un autre âge, à écrire, à fiches, d’autres encore, sont reconnues. Des affichages de consignes aux personnels remuent des souvenirs, par exemple cette interdiction du port de talons hauts. « Nous, nous étions bien interdites de pantalons chez X à Mérignac ! ». L’exposition de ces matériels, témoigne de l’évolution des techniques utilisées, depuis la carte perforée à la dématérialisation d’aujourd’hui, depuis la calculatrice mécanique Brunsviga de 1935 à la carte vitale actuelle.
Une visite citoyenne à ne pas rater !
Le guide, connaît son sujet. Docteur en droit, elle sait aussi se mettre au service de son public, répondre aux questions et permet de balayer « La Sécu » son histoire, ses personnels, ses complexités en précisant : « Souvent l’amalgame est fait entre Sécurité Sociale et Assurance Maladie. Certes la branche maladie fait partie de la Sécurité Sociale, mais ce n’en est qu’une partie. Il y a aussi la prévention, la prévention au travail, les indemnités journalières, les prestations familiales, la retraite, les prestations vieillesse, logement… ». Pour Emmanuelle Saujeon-Roque visiter ce ce Musée est essentiel : « Il est important d’être sensibilisé à notre système de protection sociale, le comprendre. Revenir vers ses fondamentaux, historiquement et pédagogiquement. Ainsi, le musée a accueilli 2600 personnes l’an dernier ». Manifestement, aujourd’hui, les visiteurs sont ravis, des applaudissements nourris ponctuent la fin de visite. « Je me disais : que vas-tu trouver là-bas, qui pourrait te plaire ? Et bien je suis comblée, Nous cherchons des visites culturelles et originales, ici c’est réussi. C’est passionnant, vivant, très instructif » m’indique encore Hélène Labbé.
Éric
*Pierre gravée trouvée en Algérie dans une colonie romainede l’époque de Trajan. Hermogène semble avoir été un esclave émancipé, son nom est d’origine grecque : « qui engendre la joie »
Musée National de l’Assurance Maladie : 10 route de Carbon Blanc, 33 310 Lormont. Tél. 05 56 11 55 18. www.musee-assurance-maladie.fr
Seules les entrée libres sont assurées en raison du contexte sanitaire actuel. Elles se font uniquement sur réservation sur le site internet, du lundi au vendredi de 09 h 30 à 12 h et de 14 h à 16 h par créneau d’1 h (5 pers. maximum). Première page du site, en bas à gauche informations pratiques, cliquez sur « horaires » (en jaune), et dans le premier paragraphe « visites libres », cliquez sur « réservation » (en bleu).
Très intéressant et très explicite on y apprend beaucoup de choses . Bravo Eric !
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Merci.
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