Des racines … à des arbres

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Du changement d’ère au changement d’air place Pey-Berland et Place de Rohan. La création d’un « îlot de fraîcheur » et de « végétalisation » pour l’automne 2021, a entraîné l’ouverture préalable d’un chantier de fouilles sur ces zones pour étudier la présence d’éventuels vestiges sous ces futures plantations.

Ainsi s’établit « naturellement » le lien entre ces lieux chargés de notre histoire et celle des Bordelais d’aujourd’hui et de demain. La plantation de ces arbres est un beau symbole, surtout en ce lieu emblématique, entre les racines d’hier et les aspirations présentes de mieux-être et d’épanouissement dans les villes. Christophe Dangles, chef du service arbres et foresterie métropolitaine illustre cet aspect, « dans l’histoire, dès le XVIIème siècle, la vision de l’arbre est pragmatique, pour les services rendus. À Bordeaux, au XVIIIème siècle, la rue David Johnston s’appelait rue des noyers, pour sa production d’huile. La ville se construit autour des espaces verts, reflets des aspirations de la population. Le jardin public vient de l’ouverture de jardins privés de la noblesse aux habitants. Le grand parc offre la campagne à ceux qui ne peuvent y aller. À notre époque, on plante pour créer des îlots de fraîcheur ».

Racines ombres d’histoire

Certains considèrent que les arbres, de leurs racines jusqu’à leurs feuillages , sont bien plus pour les habitants, que de simples sources de fraîcheur ou de lutte contre la pollution urbaine. Ils sont l’essence de la nature en ville, du passage des saisons, accueillants lorsque liés au Zéphyr ou inquiétants lors des tempêtes, lien avec les oiseaux et leurs chants. Ils sont aussi des repères, témoins des ans et de l’histoire collective, des rencontres, détenteurs de secrets. Ils sont « généalogiques, de la Liberté, de Noël, de fête ou du printemps, de Justice… », une présence dans leur immuable et pourtant mouvante assurance entre terre et ciel. Christophe Dangles acquiesce, « il y a une dimension symbolique de l’arbre. Je cite Robert Bourdu : l’arbre, qu’il soit remarquable ou non, règne dans un monde qui nous dépasse, son échelle du temps et ses dimensions ne sont pas les nôtres ». (1).

Racines non carrées ou cubiques

Cette opération de végétalisation du Centre et de la ville, accentue la poursuite d’une évolution de la conception de l’architecture et de l’aménagement urbain, à Bordeaux et en France, après la prédominance, au fil des décennies, de rues et de places « nues et minérales ». Christophe Dangles approuve, « face à une conception à bout de souffle, qui a repoussé la nature de plus en plus loin, la population exprime fortement dans ses aspirations, ses préoccupations et son vocabulaire, le besoin du retour de la nature en milieu urbain. L’arbre est plébiscité, comme sauveur de la planète, source de bien-être, porteur de fruits comme d’espoir. Lourde charge sur sa tête chenue … ».

… mais racines pour la vie

Cela signifierait le recentrage de « l’urbain », au sens social, vers la création et l’aménagement de lieux de vie, d’expression, de rencontres et de retrouvailles, d’échanges conviviaux ou festifs et intergénérationnels, si chers aux séniors, entre autres, et inscrits dans notre patrimoine urbain. Christophe Dangles conclut : « on plante pour les générations à venir. Les actions de la municipalité, avec notamment le plan Bordeaux nature (fin 2020), ont pour ambition de répondre à ces aspirations des Bordelais et aux besoins pour l’avenir de la ville. Les micro-forêts, comme la revégétalisation des Places Pey-Berland et de Rohan en sont quelques symboles ».

(1). Robert BOURDU. Arbres de mémoire. 1999. ACTES SUD. Bertrand BARRIEU

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