« Je fabrique mon fauteuil » est la raison qui amène M. Angelo Martone, président de l’association biscarrossaise l’Handi’actif, à confier aux élèves de l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Bordeaux la conception d’un fauteuil roulant pour les personnes en situation de handicap moteur vivant dans des zones déshéritées.
Confronté lui-même aux difficultés liées au handicap moteur, M. Martone œuvre depuis plusieurs années à Biscarrosse en apportant des solutions qui permettent aux personnes handicapées la pratique d’activités sportives comme le vélo, le surf, la plage etc… À présent, il se préoccupe de l’accès à la mobilité de ceux qui vivent dans des régions du monde où la prise en charge du handicap n’est pas une priorité; ce souci s’accompagne de l’ambition de procurer à ces personnes de l’autonomie tant dans leurs déplacements que dans la fabrication et la réparation de leurs équipements.
Un fauteuil roulant pour eux aussi
M. Martone, connaissant bien les réalités d’un marché de niche qui élève le coût de fabrication d’un fauteuil roulant et de son entretien, travaille sur un projet de fauteuil réalisé avec des éléments standards, produits en masse. Il constate que cette initiative est saluée par les témoins de son travail : « C’est formidable, chacun va pouvoir fabriquer son propre fauteuil ! » rapporte-t’il. Aujourd’hui, plusieurs points techniques bloquants obligent Mr Martone à faire appel aux connaissances et à la motivation des futurs ingénieurs de l’ENSAM. De son côté, il les aide en leur communiquant l’expérience de l’utilisateur : trouver un bon compromis stabilité et mobilité, privilégier un modèle 4 roues… Il les sensibilise également sur la nature du handicap (paraplégie, hémiplégie, lésions de la moelle épinière) qui appellera des réponses adaptées. Lors de cette première rencontre, les élèves utilisent eux-mêmes sur le terrain différents fauteuils afin d’appréhender les difficultés du pilotage. Pour M. Martone « cette entreprise n’est pas uniquement intellectuelle, elle est aussi émotionnelle !«
Conception et procédés innovants
« Cette demande a été retenue dans le cadre du Projet d’école qui fait partie de la formation des élèves de l’ENSAM. Nous avons choisi ce projet pour sa technicité, mais surtout pour sa finalité humanitaire. » explique Anaëlle étudiante en 2ème année. Elle est en charge avec Sarah et Mattéo de cette étude pendant 6 mois (et possiblement un semestre supplémentaire) à raison de 4 heures par semaine. Pour Mr Mehdi Cherif, professeur des universités, « le projet d’école permet aux élèves de mettre en œuvre les acquis et d’organiser la gestion complète d’un projet. » Les grandes lignes de ce projet se dessinent chez Mattéo « l’objectif est de construire un fauteuil performant d’un coût d’environ 100 euros, et pour cela, il convient d’utiliser le maximum d’éléments du commerce et de minimiser la sophistication. Leur professeur en profite pour rappeler les étudiants à leur statut de futurs ingénieurs : « Vous êtes ici pour innover! ».
Photo en-tête : réunion de travail à l’ENSAM