Loin des voûtes romanes, du gothique flamboyant, des façades rococo, ou du néo-bizantin de Sainte-Marie de la Bastide voisine, cette petite église bordelaise des années 1900, sur l’avenue Thiers proche de Cenon, semble bien banale. Une apparence très ordinaire dans le quartier de Bordeaux-Bastide. Elle recèle cependant un très beau vitrail contemporain.
Notre Dame de Lourdes du Cypressat s’élève au 327 avenue Thiers. Consacrée le 11 mai 1913 après la loi de séparation de l’Église et de l’État (1905), elle appartient donc au diocèse. Implantée par l’architecte M. Duret au sein d’un quartier populaire, elle se présente tout comme son environnement comme modeste, simple et humble, épurée au plus près du voisinage. Des travaux complémentaires s’y sont déroulés dans les années cinquante. Les éléments architecturaux et ornementaux restent cependant sans attrait particulier, discrets, à l’image des églises de cette époque. Dénués d’or ou de fioriture. Statuaires, représentations, rares et mobiliers sans clinquant.
Une oeuvre peu connue
La luminosité vient surtout du chœur. Un vitrail y tranche par sa modernité. Élément plus récent. Imposant. Sept mètres sur trois mètres cinquante environs. Réalisé en 1961 en verre et ciment. « Il illustre le mystère de Pâques. Tout en abstraction. Un camaïeu de bleus pour le ciel, des taches rouge pour le soleil et la croix de résurrection du Christ se devine en jaune. Orienté plein Est, le matin ce vitrail illumine toute l’église. C’est vraiment le meilleur moment pour profiter de toute sa beauté. Son abstraction permet aussi à chacun d’y trouver un sens» explique Mme Germaine Ferbos du presbytère de la Bastide. Il est l’œuvre d’une artiste dacquoise abstraite, parfois mystique, Victoire-Élizabeth Calcagni. Connue à Bordeaux pour ses tapisseries et ses tableaux de paysages abstraits. « La pose de cet élément a pris au moins deux ans, et Mme Calcagni âgée de plus de soixante ans a confié sa finition à un maître verrier. Elle est aussi la créatrice d’autres vitraux, notamment à la chapelle de l’hôpital Saint-André de Bordeaux » précise G. Ferbos.
Des vitraux plus traditionnels
Comme dans tant d’églises plutôt communes, les éléments agréables à regarder restent les vitraux. « Leur luminosité qui vient de l’extérieur a une grande vertu : elle appelle immédiatement l’œil » selon Gisèle R, visiteuse occasionnelle rencontrée sur place. Elle précise « plus le lieu est sombre, plus leur contraste et leur verre éclaire ». Hormis le vitrail de Mme Calcagni, sur les côtés apparaissent des réalisations de factures plus classiques dans le style académique de l’époque 1900*. Elles sont surtout bien plus petites et étroites. Ces vitraux présentent des personnages et scènes religieux pour la plupart signés d’un atelier bordelais bien connu à l’époque, celui de Gustave Pierre Dagrant** et datés de 1912. Sans grande originalité.
Une église donc simple et discrète mais qui mérite d’être mieux connue, à l’image du quartier. « La vraie richesse de Notre-Dame de Lourdes du Cypressat, ce sont ses paroissiens », précisait lors du centenaire le Père P Genais***.
À noter enfin que le Père Clovis Léon Veuthey en a été le vicaire de 1954 à 1965. Reconnu vénérable en mars dernier, sa cause de béatification par l’Église romaine est en cours.****
Éric
*On peut y reconnaître ainsi en entrant à droite, Sainte-Thérèse d’Avilla, Saint-Paulin (bordelais, poète et évêque de Nole près de Turin en 409), Sainte-Marguerite, Saint-Séverin (ermite parisien VIème siècle), Saint-Matthieu. À gauche, Sainte-Jeanne de Valois (Princesse de France, fondatrice de l’ordre des Annonciades en 1501), Saint-Guillaume d’Aquitaine (compagnon de Charlemagne), Saint-André, Sainte-Anne, Saint-Joseph.
**https://www.vitraux.info/vitrail1.html
***François Puyo, La Bastide n°3 avril 2013 (Journal d’information de proximité gratuit)
**** https://nominis.cef.fr/contenus/saint/13522/Venerable-Leon-Veuthey.html