Les arbres de nos parcs et jardins, notamment les feuillus, regorgent d’excroissances et de champignons, comme ici sur la rive droite au bord de la Garonne. Ils restent souvent bien méconnus.
« Qu’est ce que c’est que ce truc ? Une maladie de l’arbre qui lui donne des boutons ? ». Il y a un peu de vrai dans cette réflexion d’enfant. En réalité, pour cet exemple, il s’agit d’un champignon parasite qui adore se fixer sur les feuillus de nos contrées. Cet arbre d’âge déjà vénérable est donc victime de parasites : du lierre mais surtout un très gros champignon polypore gris spectaculaire avec un chapeau « en sabot de cheval ». Il parasite aussi les bois morts.
Utilisé dès la préhistoire
Ce dernier est un polypore amadouvier (fomes fomentarius). Il peut peser jusqu’à 4 kg. Mais bien qu’il sente bon le champignon, il n’est pas comestible. Cependant, cette espèce un peu oubliée a été très utilisée dans le passé. À partir de sa chair spongieuse broyée à laquelle se rajoutent du chlorate de potassium et du salpêtre, on obtient de l’amadou. « Ce matériau a longtemps été un élément très utilisé pour allumer le feu, jusqu’aux célèbres briquets à amadou que j’ai connus » m’explique André, bastidien bientôt nonagénaire. « Et ceci depuis la préhistoire. »
Des usages variés
D’autres utilités lui ont été trouvées ensuite. Une de ses préparations servait encore fin du XIXème siècle comme pommade ou cataplasme hémostatique. Une forme de cuir végétal a pu aussi en être extraite. Enfin, plus inattendu, il sert d’absorbeur d’humidité, en particulier pour sécher les mouches. Celles destinées pour être confectionnées en leurres naturels pour la pêche.
Redoutable parasite
Ce polypore amadouvier est cependant un redoutable parasite. Il s’installe surtout sur les feuillus les plus faibles et produit une pourriture qui, à terme, tue assez rapidement son hôte. Il se trouve toute l’année. Quelques arbres du parc aux Angéliques et des bords de Garonne sur la rive droite de Bordeaux, entre autres, accueillent ce pensionnaire devenu aujourd’hui plus problématique qu’utile.
Éric