FIFIB 2022: Regard sur « Grand Paris» de Martin Jauvat, un film mélancolique !

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« Grand Paris » est un film français réalisé par Martin Jauvat, qui en a écrit le scénario et y interprète l’un des deux rôles principaux. C’est une déambulation parfois poétique, souvent comique, à travers la grande banlieue parisienne. On y suit deux jeunes hommes, de rencontre en rencontre, se laissant guider par le hasard et leur imagination.

Ce film a fait l’ouverture de la section « Contrebande » du festival international du film indépendant de Bordeaux, qui veut explorer les nouvelles voies du cinéma, en rupture avec les schémas traditionnels en matière de financement, de production, de réalisation ou d’écriture cinématographique. Et « Grand Paris » illustre formidablement cette approche. Leslie et Renard sont deux jeunes hommes de la banlieue proche de Paris. « Ils passent leurs journées à ne rien faire ou pas grand-chose. L’ennui« , explique Martin Jauvat, le réalisateur à propos de ses personnages. Ils partent en grande banlieue chercher un paquet pour ce qu’on imagine être un dealer. Et, bien évidemment, le voyage ne se passe pas comme prévu, car le contact attendu ne vient pas. Concernant leur parcours, Martin Jauvat décrit, « ils vont vivre une série d’aventures, faites de rencontres les sortant de leur milieu« , et de découvertes étonnantes liées à l’instruction du réseau de métro appelé Grand Paris Express. Un mélange de naïveté, de poésie, de cynisme, d’égoïsme, de complotisme aussi, mais présenté de manière assez comique. On explore aussi les différents modes de transports en grande banlieue : RER, bus, voiture et …. marche à pied dans les bois. Le film se termine sur une plage de galets en Normandie dans un moment de poésie fantastique quasiment interstellaire.

Une narration dynamique

La qualité des dialogues est présente entre ces deux jeunes et avec les personnes rencontrées, pétillants, énergiques, drôles, imagés, qui fusent, avec des expressions du type « Quand c’est gratuit, c’est plus sucré » à propos de nourriture. Les personnages sont plus complexes qu’il n’y parait à priori. Certains portraits sont savoureux comme le contrôleur RATP le jour et complotiste la nuit, donnant une dimension inquiétante aux travaux du métro en cours et aussi au célèbre émetteur TV de Romainville , à côté de Paris (« une base américaine secrète« ), ou encore la pyramide de Cergy. La découverte d’un artefact avec des signes étranges donne lieu à des dialogues d’une grande drôlerie. « Il y a aussi des réflexions plus profondes sur la vie en banlieue, ce qu’il y a derrière les barrières, dans les tunnels, sur la solitude dans les zones pavillonnaires et le renfermement qu’elle induit » souligne le réalisateur. L’écriture cinématographique est un mélange de plans fixes et de panoramiques rapides, le tout souligné par la musique et le bruitage. Ce qui donne un rythme dynamique proche de la bande dessinée. Les couleurs sont parfois psychédéliques, sans abuser du procédé.

Bref, un film généreux, rafraîchissant, profond, « qui veut sortir la banlieue des scènes de violence à laquelle on l’associe souvent sur les chaînes d’information » précise Martin Jauvat. Avec des acteurs crédibles et subtils, ce film lance avec force la section Contrebande, bien que celui-ci soit hors compétition. Martin Jauvat, un réalisateur prometteur !

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