La ville de Bordeaux a organisé fin septembre la 8ème édition des Journées nationales des Diasporas africaines avec un programme éclectique.
Au menu des festivités de ces Journées nationales des Diasporas africaines, un film documentaire sur Manu Dibango, deux conférences organisées par NumAf, un concert le samedi soir au Rocher de Palmer et, pour inaugurer l’événement, une conférence débat à la Station Ausone sur Frantz Fanon, à l’occasion de la sortie du roman graphique publié aux éditions La découverte par Frédéric Ciriez (écrivain) et Romain Lamy (dessinateur). Ce roman graphique (de la bande dessinée avec beaucoup de texte) est dessiné, grâce à l’emploi d’aquarelles qui lui donne une tonalité très colorée et lumineuse. Le texte se veut rigoureux et pédagogique. La pensée de Fanon y est clairement exposée, dans son originalité propre mais aussi en la situant par rapport à celles de Césaire et Senghor, chantres de la négritude, et à celle de Sartre et de l’existentialisme. Pour cela le livre se structure autour de la rencontre en août 1961 pendant trois jours à Rome, entre Fanon et Sartre accompagné de Simone de Beauvoir et Lanzmann. Fanon mourra quatre mois plus tard d’une leucémie foudroyante.
Un parcours tumultueux
C’est l’occasion de redécouvrir Fanon, qui fut honni, adulé puis oublié, auteur de trois livres « Peaux noires et masques blancs », « L’an V de la révolution algérienne » et « Les damnés de la Terre ». Fanon est un penseur de l’aliénation engendrée par la domination coloniale et de ses conséquences économiques, sociales, politiques et psychiatriques. Face à la non-violence de Gandhi, il défend la lutte armée du FLN algérien comme seul moyen d’une émancipation réelle. De ce point de vue, le roman graphique est particulièrement didactique, exposant la pensée de Fanon mais aussi pointant ses éventuelles contradictions, notamment au regard des luttes d’influence en sein du FLN. Une conférence qui souligne l’intérêt et l’urgence à redécouvrir la pensée de Frantz Fanon.