À partir d’archives collectées sur internet, Nicolas Cilins a monté un documentaire sur une femme transgenre vietnamienne, une véritable diva à Saigon. Il a réalisé ce moyen métrage avec son amoureux, australien d’origine vietnamienne lui aussi. Il présente son œuvre.
Diva Cat Thy est une femme transgenre, c’est-à-dire née homme. Elle a une petite activité artistique de chanteuse le samedi soir et elle publie de nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux. Mais pour gagner sa vie, elle vend des nouilles dans la rue à Saigon, une activité très répandue au Vietnam. Et, ça marche très bien, même si, au début, elle a vécu au centime près. Elle évoque, avec sa complice miss Tien dans la même situation qu’elle, les difficultés inhérentes à sa situation et la quasi-impossibilité d’avoir une relation sentimentale stable et durable. Mais Diva aime ses compatriotes et ceux/celles-ci le lui rendent bien. Elle dialogue avec ses clients, les provoque, les soutient aussi. Ainsi, elle fait une quête pour une famille touchée par un deuil.
Une question de distance
Pour Nicolas Cilins, l’enjeu était de « faire un film avec des matériaux non destinés à cela« . Il a dû visionner avec son compagnon plus de 1000 heures de vidéos. Difficile à supporter, car les protagonistes, « Diva et son entourage ne peuvent s’empêcher de parler« , ajoute le réalisateur. Or le vietnamien est une langue à ton, la bonne compréhension dépend du ton employé, et il y en a six. Donc, les locuteurs doivent parler fort. Quasi insupportable pour nos oreilles occidentales. Pour faire face à cette difficulté, les auteurs ont choisi de mettre des sous-titres pour traduire les propos de Diva. Ils ont aussi de mis des surtitres, en haut de l’écran, non seulement pour donner le contexte vietnamien, mais aussi pour évoquer leur histoire d’amour et la situation complexe de la famille de Dustin, le compagnon de Nicolas Cilins qui précise, « cela crée une interrogation sur la façon de voir le film », assez troublante, en tout cas sortant le spectateur de sa zone de confort. En effet, « il doit choisir à quelle dimension donner la priorité, tout en gardant un œil sur l’autre. C’est une question de distance avec une certaine forme d’intimité. Diva est aussi une excuse pour parler de nous « , d’après Nicolas Cilins. Un film exigeant mais stimulant. Une écriture cinématographique originale !