FIFIB 2022: « Euridice, Euridice », le mythe revisité par Lora Mure Ravaud pour magnifier la vie

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À partir du mythe d’Euridice, qui voit Orphée aller chercher sa bien-aimée aux Enfers et la perdre définitivement parce qu’il se retourne avant d’en être complètement sorti, Lora Mure Ravaud décrit magnifiquement l’amour entre deux femmes, la douleur de la séparation et l’espoir d’être heureuse à nouveau dans son film « Euridice, Euridice ».

Ondina et Alexia s’aiment et vivent ensemble, passionnément, à Rome. Ondina, plus solaire, plus énergique; elle est, évidemment, musicienne. Alexia est atteinte d’une sorte de langueur et de tristesse. Elle est comédienne. Un jour, elle part chez elle en Grèce, se fait piquer par un serpent et meurt. Pour affronter sa douleur, Ondina a des aventures d’un soir, marquées d’une certaine énergie. Puis, elle rencontre une femme qui lui rappelle tellement son amour perdu. Un film magnifique, au plus près des corps et de la peau, en particulier d’Ondina, personnage particulièrement attractif, avec un profil un peu androgyne et un visage expressif. Les scènes intimes sont filmées avec beaucoup de pudeur, centrées sur l’intensité des regards. Il y a beaucoup de plans serrés magnifiant les émotions. Pour Lora Mure Ravaud,  » « le cinéma est un art où la technique occupe une place très importante et les autres arts, la littérature notamment, y deviennent tout autre chose« . Elle a écrit le scénario et a trouvé cet exercice « difficile, car c’est une écriture blanche, neutre, technique« , ajoute la réalisatrice. Pas naturelle pour elle qui a fait d’abord des études de philosophie à Strasbourg avant de faire l’ECAL (École de cinéma de Lausanne). Son film de fin d’étude a été primé au festival de Winterthur.

Rencontre à Rome

Partie vivre à Rome, elle y rencontre son actrice principale, Ondina Quadri. Elle construit son film à partir de cette actrice et de sa relation amoureuse, dans la vraie vie, avec Alexia Sarantopoulou. « Comment fictionnaliser une relation amoureuse déjà existante ?  » questionne la réalisatrice. D’où l’intérêt de s’inspirer, assez librement, du mythe d’Euridice. « Il y a eu beaucoup de travail sur le scénario, beaucoup de répétitions aussi; trop, dit-elle avant d’ajouter; mais cela a aussi favorisé une certaine improvisation des dialogues, dans une mise en scène rigoureuse. Cela a aussi permis de prendre en compte des émotions ténues« . En faisant du cinéma, Lora Mure Ravaud se sent au bon endroit pour elle. Elle s’est centrée sur une esthétique des corps, pleine de retenue, aussi bien dans l’intimité que dans la danse ou la musique. Et finalement, elle montre une manière d’être au monde, dans une forme très naturaliste. Lora Mure Ravaud filme la vie dans toutes ses dimensions (l’intimité, le désir, la mort, la douleur, les rencontres, …..) mais le fait avec une délicatesse et une tendresse qui subliment les émotions.

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