La section Contrebande du FIFIB propose deux moyens métrages très différents sur la forme, mais qui tous deux veulent illustrer des formes de relation alternatives. « Koban Louzoù » de Brieuc Schieb montre la difficulté d’échapper à une certaine hiérarchisation des rapports, alors que « Un Troisième Testament » de Jérôme Clément Wilz témoigne d’une réussite d’un éden éphémère en pleine Corrèze.
Koban Louzoù (en breton koban signifie cabane et louzoù plante médicinale, médicament) raconte l’arrivée d’une jeune femme, Audrey, dans un chantier participatif, où elle est invitée à se sentir « chez elle ». Outre le propriétaire des lieux, elle rencontre deux femmes et un jeune homme. Derrière une apparente convivialité, elle découvre les comportements autoritaires sur les travaux à effectuer ou les horaires de travail. La volonté hiérarchique du propriétaire empêche des rapports plus solidaires d’émerger. Jusqu’au jour où le jeune homme, légèrement autiste, leur fait boire une tisane faite à partir d’herbes trouvées au cours d’une promenade. De la fête qui s’ensuit émergent des relations plus apaisées. Brieuc Schieb explique: « j’ai voulu mélanger fiction et approche documentaire pour montrer la possibilité d’une guérison après un traumatisme« , et ce à travers l’histoire des protagonistes. Pour cela, il s’est inspiré du vécu de chaque acteur et faisait l’objet de discussion chaque soir du tournage. Deux caméras tournaient en permanence. Un dispositif de captation à distance qui se voulait non intrusif.
Un film viscéral
Pour Jérôme Clément Wilz, le propos et le point de vue sont complètement différents. Pendant deux étés, il a filmé un séjour collectif d’amis dans une ferme en Corrèze pendant lesquels les personnes présentes, hommes et femmes, cherchent un mode de vie simple, souvent dénudé, et marqué par des rites cathartiques, notamment sous forme de transes. Il s’agit de rituels inventés par le groupe, se voulant proches d’une certaine représentation des communautés chrétiennes des premiers siècles. Comment rendre compte d’une telle expérience ? En montrer les différents aspects ? Sous une forme participative, les personnes présentes tenant la caméra et le micro. Après un essai assez foutraque un été, il recommence l’été suivant, avec une structuration plus précise et rigoureuse, proposée par les acteurs et actrices. Le réalisateur précise, « c’est un film viscéral, physique qui veut remettre en cause la famille nucléaire et inventer de nouvelles formes de vivre ensemble« . En tout cas, 10 jours par an. Cela interpelle chaque spectateur sur ce qu’il est prêt lui-même à accepter ou pas. N’est-ce pas là une des fonctions du cinéma ?